Poésies

Crotz d’òc

D’aquì d’ailà, d’amont d’aval
virolejant sus un crotzal
dotze estelas fan rambalh.

Volatges son.
Per elas, pas question de far constellacion
al dintre d’una nacion.
Sabon que las nacions
riscon de far Estat
Estat diktat…
e adiussiatz las libertats !

Son d’estelas que dins lo cèl
se regalon de popar a totas las astradas.

Croix d’oc

D’ici de là, d’en haut en bas
voltigeant sur une belle croix
douze étoiles font charivari.

Elles sont volages.
Pas question de former une constellation
au sein d’une nation.
Elles savent que les nations
risquent de devenir État
État diktat…
Et adieu les libertés !

Ce sont des étoiles qui dans le ciel
se régalent de téter à toutes les galaxies.

(in Hairgalaguilar)

Seuls-Solets

Je ne sais plus
ce qu’être tous veut dire
on nous a rendus seul
à grands coups de dégoûts
et puòi sèm partits
sens ticket de retorn
cap a un negre destin…
où les exils s’entassent
se mêlent et se bafouent.

Alors on a cherché
des pierres dans nos poches
longtemps se sèm tirats dessùs…
Et puis quand il n’y a plus eu
de pierres dans nos poches
se sèm dintrats los ponhs
on s’est mordu la langue
se sèm sarrats los coides
et on s’est senti tous.
E l’exilh prenguèt fin !

(in Hairgalaguilar)

Vents

Vents
taureaux
à cornes d’orages et de soleil
Vents
taureaux fous, taureaux ivres
vous tracez ce pays
au flair de vos dérives
Vents
taureaux, taureaux, taureaux
d’un dard ardent
fouillant
la terre d’oc par son sexe d’étang…
Ah ! clitoris à la lune d’argent 
qui donne à nos enfants
l’accent à la chair de cerise.

Vents, vents, vents
entre les yeux de dieu et les yeux du diable
vous êtes les mains qui pétrissaient nos âmes.

Midi le juste
vois
les nuits de pleine lune
un cathare en robe de mouette
se balancer sur son bûcher d’étoiles.
Vois
sous son masque d’oursailler
Carnaval qui branle le soufflet…

Vents soufflez
devant soufflez derrière
soufflez dehors soufflez dedans
faites un roulis de croupes et d’encolures
pour un ballet cornu
d’orages et de brûlures…

Ô vents taureaux broutant la mer
et écumant d’ébène
ragez au milieu de nos chaînes
et sur la touffe de Vénus
hissez la cocarde d’azur.

(in Hairgalaguilar)